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A day in the life_*

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  • Elle était rose d'insouciance et de douceur. Elle sucait un bonbon à la fraise, et parfois, quand ça la prenait : elle riait aux éclats. La tête en arrière, et les larmes qui coulaient le long de ses joues.
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7 juin 2008

Dans un frisson_* [1]

Il parcourait du bout de ses doigts la peau de mon ventre. Dessinait mes formes avec ses mains et retraçait les courbes de mon corps. Les volutes de fumée s'élevaient au dessus de nous. Ca faisait bientôt une heure que nous étions là, tapis dans la pénombre de la chambre. Il était assis en tailleur et moi, j'étais allongée, les jambes croisées derrière son dos. Il se grillait une cigarette et j'aimais l'odeur de tabac qui se consumme. Doucement. Je lui murmurais des mots d'amour, ceux qu'on entend dans les films à l'eau de rose. Alors que j'étais plutôt grenadine et framboise. Lui, il m'aimait moi, seulement moi. Il me le répétait, sans cesse. Que j'étais celle qui lui donnait le goût des choses, que sans ma présence, la vie lui semblait fade. J'ai toujours pris du plaisir à l'écouter me sussurer ce genre de folies. Je frissonais, et il le savait. Je l'aimais, et il s'en doutait.
Les autres, ils se trompaient. Ils se sont toujours plantés. Ils croyaient que je jouais. Que je le manipulais. Les autres, ils pensaient qu'il n'était que la machine à embrasser. Et que lorsque la machine serait rouillée, elle se ferait remplacer par une autre, plus performante.
Peut-être qu'ils avaient de quoi le penser aussi. Ces cons.
J'ai toujours voulu former autour de moi cette barrière de métal, un mur infranchissable qui arrêterait tout. Même les sentiments les plus beaux. Car ce sont eux qui nous cassent. Toujours eux. J'avais tellement peur de souffrir. Oui, c'était ça. Certains ont la phobie des araignées, d'autre des serpents. Moi, j'avais la phobie de la soufrance. Et par prévention, j'ai construit un fossé entre mon coeur et celui des autres. Je ne me privais pas de nouvelles rencontres, mais ça n'allait jamais au-delà. J'en ai fait souffrir certains, mais toujours avec beaucoup de détachement. Leur chagrin ne me regardait pas, car il ne m'appartenait pas. Dans ma tête, c'était cadré, car dans mon coeur, c'était vidé. Aucune trace de regret, jamais. Ces hommes n'étaient que des ombres, ils passaient devant moi. Me parlaient, me touchaient, m'aimaient parfois, avec passion. Mais j'étais continuellement dénuée de réaction. On s'inquiétait de mon état, moi je continuais à dire que tout allait bien. Après tout, oui, j'allais bien. Je ne souffrais jamais, je ne pleurais plus par amour. Mes amis ne m'importunaient plus. Oui, j'allais bien. Et un jour, j'ai réalisé que je m'obstinais à penser que tout allait pour le mieux. Ce jour-là a marqué la destruction massive du fossé que je m'étais crée. J'ai vécu pour la première fois en cinq ans. Les détails ? Il n'y en aura pas. Il m'a prise par la main, on s'est assis à un café, il m'a tendu une cigarette, et du feu. Il a commandé deux expressos et il m'a dit "Maintenant, c'est terminé. C'est moi qui décide. Parle-moi, raconte-moi". Je sais que j'ai hésité, et doucement je me suis laissée prendre par le jeu de cet inconnu. Je lui ai raconté. Tout. Mes débuts dans le fleuve agité qu'on appelle Amour, mes erreurs, mes regrets. Mes choix ratés, les quelques réussis. Mes cinq dernières années. Le sevrage de sentiments. Et ma douleur, à présent. J'ai compris qu'en voulant me priver de soufrance, je m'y suis plongée la tête la première. Il m'a souri, et c'était terminé. Je vivais, enfin. Mon coeur dégelait lentement, et mes yeux laissaient couler la fonte des glaces. Je pleurais.
Cet inconnu. Et un an et demi plus tard. Il parcourait du bout de ses doigts la peau de mon ventre. Dessinait mes formes avec ses mains et retraçait les courbes de mon corps.

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